VILLENEUVE-SAINT-GERMAIN (Aisne). Annick Martin, 53 ans, a choisi de mettre fin à ses jours dans la salle où elle donnait ses cours. Ce sont ses collègues du collège Louise-Michel qui l'ont retrouvée sans vie, hier en début d'après-midi.

 

 

Il est un peu plus de 14 heures, ce lundi. Dans un des couloirs du collège Louise-Michel à Villeneuve-Saint-Germain, la classe de 4e Segpa (section d'enseignement général et professionnel adapté) attend de rentrer en cours de biotechnologie.

La sonnerie a retenti depuis quelques minutes et leur prof se fait attendre. « Les règles de fonctionnement de l'établissement veulent que les élèves attendent l'arrivée du professeur pour pénétrer dans la salle », explique l'inspecteur d'académie, Jean-Luc Strugarek.

Un enseignant trouve bizarre l'absence de sa collègue et prévient la direction de la Segpa. Les élèves sont alors conduits dans une autre salle tandis que l'on essaie de joindre Annick Martin, qui doit assurer le cours. On vérifie dans la salle des professeurs, dans la cour, et puis le principal adjoint finit par ouvrir la porte de la salle de classe de biotechnologie. Annick Martin s'y trouve, elle est morte.

Au collège, c'est la stupéfaction. « Le choc, pour tous. On a essayé de préserver un maximum les élèves. Les secours, les policiers, le médecin légiste ont emprunté un parcours sécurisé en amont par le chef d'établissement. Le but étant que toutes ces personnes ne puissent croiser aucun élève », précise encore Jean-Luc Strugarek.

La dépouille a été évacuée en toute discrétion durant la récréation et les élèves ont été avertis du drame à la fin des cours. Une cellule psychologique a, évidemment, été activée, en particulier pour les enseignants, ébranlés par le drame.

Aucun mot explicatif

Les premières constatations effectuées concluent à un acte volontaire. « Il n'y a aucun élément de doute, rien qui autorise à envisager une autre hypothèse que le suicide par pendaison, explique le procureur de la République de Soissons, Jean-Baptiste Bladier, qui s'est rendu au collège. C'était une personne connue comme dépressive, qui avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide l'an passé. Nous n'avons retrouvé aucun mot expliquant le passage à l'acte : ni au collège, ni dans sa voiture, ni chez elle. »

Cette enseignante de 53 ans, célibataire, sans enfant, habitait Soissons. Elle enseignait au sein de la Segpa du collège Louise-Michel, qui accueille des élèves présentant des difficultés d'apprentissage graves et durables. Professeur de biotechnologie pour les champs « habitat », « hygiène, alimentation, services », elle préparait les élèves à l'entrée en formation qualifiante (rudiments de cuisine, entretien de locaux, de linge…)

Elle avait repris les cours, la semaine dernière, après un an d'arrêt pour congés longue maladie. « Elle était très peu connue dans l'établissement », où elle avait été affectée, il y a plus d'un an, a précisé l'inspecteur d'académie. Une reprise professionnelle en douceur puisqu'elle se trouvait en mi-temps thérapeutique. Elle avait quelques heures à assurer le lundi, mardi et vendredi.

Hier, pour son quatrième jour de reprise, Annick Martin, qui n'avait aucun cours à assurer le matin, est arrivée au collège en début d'après-midi. Elle aurait dû assister à « une réunion de synthèse », avec d'autres collègues, entre 13 et 14 heures, mais elle avait pris soin auparavant de prévenir qu'elle n'y prendrait pas part.

Là, dans sa salle de classe, à l'abri des regards, elle a choisi de mettre un terme à son existence. Ses collègues, qui l'avaient à peine vue depuis son retour, cherchaient tous, hier, à comprendre les raisons d'un tel geste.
 


MAJ à 12h

Le recteur s'est rendu ce matin sur les lieux du drame : lire la brève.